
Une réinterprétation moderne et poétique du classique de Lucy Maud Montgomery
En tant que fan inconditionnée d’Anne Shirley et de La maison aux pignons verts, j’attendais cette nouvelle adaptation avec autant d’excitation que d’appréhension. Il faut dire que l’héroïne rousse de Lucy Maud Montgomery a marqué des générations entières — dont la mienne — par sa vivacité, son imagination débordante et sa manière unique de transformer le quotidien en aventure. Et après avoir découvert Anne Shirley (2025), je peux le dire : cette série animée parvient à raviver la magie tout en lui insufflant un vent de modernité.
Le récit reprend les trois premiers volets de la saga : Anne of Green Gables, Anne of Avonlea et Anne of the Island. On y retrouve l’essence même d’Anne : une jeune orpheline rêveuse, vive et maladroite, recueillie par Marilla et Matthew Cuthbert dans la paisible localité d’Avonlea, sur l’Île-du-Prince-Édouard.
Ce qui m’a particulièrement émue, c’est la fidélité avec laquelle la série restitue la personnalité complexe d’Anne : à la fois exaltée et fragile, imaginative et lucide, toujours en quête de beauté et d’appartenance. Même après tant d’adaptations, son émerveillement face à la nature et sa façon d’appréhender le monde avec des mots plus grands que sa taille gardent cette sincérité bouleversante.

Dès les premières images, Anne Shirley (2025) enchante. L’esthétique, toute en douceur, évoque la peinture à l’aquarelle. Les paysages de l’Île-du-Prince-Édouard — champs dorés, falaises rouges, ciels en mouvement — sont magnifiés par une palette pastel qui capture parfaitement l’âme du roman.
Les séquences de rêverie, où les pensées d’Anne prennent vie à l’écran, ajoutent une dimension féérique. Les fleurs s’animent, les nuages deviennent des compagnons de jeu, et les visages imaginés prennent forme — comme si l’imaginaire d’Anne s’ouvrait enfin au spectateur. Pour une admiratrice de longue date comme moi, ces moments sont un vrai cadeau : ils concrétisent visuellement ce que nous avons toujours deviné entre les lignes du roman.
La série réussit un équilibre délicat : moderniser sans trahir. Les dialogues sont plus naturels, le rythme plus fluide, mais l’âme du récit reste intacte. Les relations entre les personnages, notamment celle entre Anne et Marilla, sont d’une justesse rare. On y retrouve la même pudeur, la même tendresse maladroite, mais exprimées avec une sensibilité contemporaine.
L’évolution d’Anne est également plus introspective : la série insiste davantage sur ses doutes, son sentiment de décalage et sa quête de reconnaissance. C’est une approche plus psychologique, qui rend l’histoire encore plus touchante et proche de notre époque.

Certains puristes — et j’en fais partie — pourront regretter que certains passages du roman soient écourtés, voire réinterprétés. La lenteur contemplative de l’œuvre originale laisse place à un rythme plus soutenu, sans doute pour séduire un public plus jeune. De même, quelques aspects très ancrés dans la société victorienne ont été atténués.
Mais, étonnamment, ces ajustements ne m’ont pas dérangée. Ils traduisent une volonté de garder Anne vivante, actuelle, inspirante. Et au fond, c’est ce qu’elle a toujours été : une héroïne capable de traverser les époques sans jamais perdre son éclat.
Anne Shirley (2025) s’adresse autant aux nouveaux spectateurs qu’aux amoureux de longue date. Pour les fans comme moi, c’est une redécouverte pleine de nostalgie : on y retrouve l’émotion de la première lecture, mais avec un regard neuf, presque apaisé.
La série met en avant ce que j’aime le plus dans l’univers d’Anne : la beauté du quotidien, la force de l’imagination et cette conviction que les mots et les rêves peuvent nous sauver. Elle ne se contente pas de raconter une histoire ; elle nous rappelle pourquoi nous sommes tombés amoureux de cette héroïne en premier lieu.
En conclusion ⭐ Note : 4/5
Cette nouvelle adaptation d’Anne Shirley réussit un pari difficile : respecter la tendresse et la poésie du roman tout en y ajoutant la sensibilité du XXIᵉ siècle. En tant que fan inconditionnée, j’y ai retrouvé tout ce qui me touche dans cet univers : la lumière, la bienveillance, la mélancolie douce et cette foi inébranlable dans le pouvoir des rêves. Une adaptation splendide, sincère et lumineuse, qui prouve qu’Anne Shirley n’a rien perdu de sa magie — elle brille encore, plus libre et plus vivante que jamais.
